Rappel de la Problématique :
Pendant longtemps, la problématique de la mobilité a consisté à s’interroger sur les types de matériels et les services accessibles : notebook, matériels hybrides, accessibilité du matériel à l’ENT, authentification des utilisateurs en classe, connexion aux réseaux des établissements, utilisation du WIFI, etc.
Aujourd’hui, la question qui se pose avec la mobilité est celle des apprentissages et de l’accès à l’information partout, en tout temps et avec n’importe quel équipement. Dans ce cadre, le programme des collèges préfigurateurs s’engage dans cette logique avec la mise à disposition dés la 5ème, d’équipements individuels mobiles, permettant aux élèves à la fois d’apprendre en classe, mais également en dehors de la classe.
Dans ce contexte, quid de l’accès aux ressources et aux services (aux ENT), quid de l’organisation spatiale des salles de classe et de l’établissement pour pouvoir travailler par groupes de besoin. Comment s’engager dans une pédagogie différenciée ? Quelle posture pour les enseignants ? Quels travaux proposer aux élèves en classe et en dehors de l’école ? Comment assurer la formation à la citoyenneté numérique ? Comment adapter ou choisir un écosystème numérique en fonction des besoins des équipes pédagogiques et éducatives ?
Elodie Maurel, enseignante en lettres à Mirepoix dans l’académie de Toulouse, Marie Soulié enseignante en lettres à Orthez dans l’académie de Bordeaux, Martial Pinkowski enseignant en EPS à Evry dans l’académie de Versailles, David Arderiu enseignant en techno à Albi dans l’académie Toulouse et Max Aubernon chef de projet collèges connectés au ministère de l’éducation nationale, Direction du numérique pour l’éducation nous ont proposé leurs expériences sur le sujet autour de l’animateur et enseignant Jean-Marie Gilliot.
Synthèse en vidéo avec Jean-Marie Gilliot interviewé par Christophe Batier
Les intervenants de la table ronde ont expliqué leurs usages au quotidien en démontrant en quoi le numérique est intégré dans leur pratique et en quoi il favorise une forme de mobilité.
Elodie Maurel, enseignante en collège a présenté son expérience avec ses élèves dans le cadre d’une visite au musée.
Ses intentions pédagogiques très scénarisées nous ont montré en quoi il était possible d’apprendre en dehors de l’espace physique de l’établissement.
Par cette expérience, l’enseignante souhaitait s’affranchir des cadres habituels de la visite du musée (visite en troupeau, élève absent par l’esprit de la visite, discours descendant de l’enseignant commentant une oeuvre …). Son scénario est basé sur l’utilisation du smartphone (fonction photographique) pour modifier le regard de l’élève sur une œuvre, sur le musée.
Martial Pinkowski fait partie d’un groupe d’expérimentation. La mobilité induite par défaut en EPS dans la mesure ou le travail s’exerce dans des lieux diversifiés. Pour Martial, le stade de l’expérimentation est dépassé, il convient désormais de gérer l’autonomie des élèves, de pratiquer le métier en développant la transversalité disciplinaire.
L’objet central est le développement des compétences chez les élèves. « Si l’élève est autonome alors on peut gérer la différenciation », « il faut que les élèves puissent se saisir des ressources »
Les usages enseignants
Ils développent un ensemble d’usages liés à la mobilité (dans et hors la classe) conformes à leurs intentions pédagogiques. On peut citer la réalisation d’audio guide, la modification de la situation de la classe, la visite de musée, les usages des Tice dans la pratique sportive . La tablette numérique est très présente dans ces usages, parce que l’outil s’y prête et parce que les politiques d’équipements (collèges connectés, collèges préfigurateurs) ont largement porté sur l’équipement en tablettes.
David Arderiu dit que « le nomadisme est vécu au jour le jour dans son collège préfigurateur ».
La mobilité engagée dans les usages des établissements pose un ensemble d’interrogations :
- Le suivi et l’observation des projets à fin d’analyse pour une future généralisation
Des projets divers sont initiés au niveau du ministère, ils portent sur des grands volumes car ils sont développés sur l’ensemble du territoire. Les projets suivis le sont sur la base d’appels à projets. Les budgets qui sont engagés sont partagés entre le financement des équipements et la formation des personnels.
Le ministère a bien compris que les effets de leviers sont sur le couple équipements et facteur humain.
Ces projets sont suivis par un ensemble de partenaires comme l’Université, la DANE, les collectivités locales, le Numerilab de la DNE.
- La possibilité de suivre les effets et conséquences des usages
Jean-Marie Gilliot pose la question suivante : « Les projets sont-ils publiés et consultables ? » La réponse est non car les profils sont différents.
- Le passage de l’expérimentation à la généralisation
Le stade de l’expérimentation n’est pas encore dépassé par tous, il convient d’imaginer comment faire pour convaincre la grande masse des enseignants à s’engager dans des usages mobiles ?
- Le sourcing, la veille sur les usages
Cet ensemble d’expérimentations est un mine de renseignements sur le champ des possibles. Comment faire pour capitaliser ce travail d’expérimentation et en retirer des conclusions utiles ?
Les réponses sont multiples. Il existe un réseau de correspondants qui regarde ce qui se passe dans les classes, cherche à détecter les tendances, analyse ce qui se passe.
La recherche s’est engagée dans l’observation des usages de terrain ; les DANE sont chargées de cette veille.
- La formation des enseignants
L’introduction des pédagogies qui instrumentent les logiques su nomadisme, sont à la fois le fruit des politiques impulsées sur le terrain par les différents acteurs mais c’est aussi une question de formation des nouveaux enseignants. Un représentant de l’anaé pose la question de la formation dans les Espé ? Le débat engagé a montré la sensibilité de la question :
Les jeunes enseignants doivent apprendre leur métier, ce qui est difficile. La mise en place d’une couche numérique complexifie les processus d’enseignements. Les jeunes enseignants ne souhaitent pas prendre le risque du numérique pour ne pas être destabilisés (machine qui dysfonctionne, élèves plus habiles que l’enseignant etc). Un participant lance l’idée qu’il y aurait des jeunes enseignants « réacs », réfractaires à la technologie.
L’introduction du numérique et de la mobilité engage les enseignants à être en capacité de justifier leur enseignement.
Sources : By Jean-Paul Moiraud on 3 septembre 2015
Un point a évoqué le champ des possibles de la formation par les pairs. Dans les collèges préfigurateurs, les enseignants plus avancés dans les usages, aident les enseignants désireux de s’engager dans une pédagogie plus instrumentée.
- Les besoins des élèves
Nos élèves sont, par essence, dans une configuration mobile ; ils passent d’un lieu à un autre (changement de salle de classe, passage du domicile à l’établissement, temps de transports …). Les équipements mobiles sont en phase avec un mode de vie.
Les équipements mobiles sont aussi conformes à l’existence d’un savoir qui est présent dans les espaces virtualisés (ENT, banques de données, livres numériques …)
Plein d’apprentissages se font en dehors de l’école.
- Partager les matériels
L’idée émerge qu’il serait possible de mutualiser les équipements des établissements notamment lorsque ceux-ci sont utilisés sur des temps réduits dans une année scolaire.
- Domicile / école
Le nomadisme, c’est donner les moyens aux élèves d’emmener le matériel à la maison. Les méthodes pédagogiques comme la classe inversée consistent à demander aux élèves de consulter des ressources avant le cours. Le nomadisme pose donc la question de l’écosystème technologique des domiciles des élèves. Quelles connexions ? Quelle capacité à l’organiser correctement …
Dans un collège préfigurateur, il est prévu de recourir à une société prestataire de service qui peut aller au domicile des parents pour intervenir en cas de problème technique avéré…
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