mercredi 25 mars 2015

Le prix de la collaboration

Publié par CRISTOL DENIS

Deux mots seraient à la base d'un renouveau de nos sociétés : les mots innovation et collaboration. Innovation est un mot magique, un mot paillette une promesse de mieux êtres et de mieux vivre. Le mot est mis à toutes les sauces. Les "autrementistes" le mettent en avant pour nous proposer un monde plus étincelant, plus fluide, plus ergonomique, plus agréable. L'innovation n'est plus seulement technique, organisationnelle, elle est aussi sociale et relationnelle, En fait elle est partout et gare à celui qui s'en écarte.
La collaboration est l'une de ses innovations sociales qui promettrait un décloisonnement, plus d'horizontalité,une meilleure écoute, et un plus grand respect mutuel. Collaboration est un mot chaux-doudou : qui peut être contre? S'écarter de cette perspective vous range dans la catégorie des asociaux individualistes. L'un de ceux par qui le mal être a pénétré le travail. Le chacun pour soi a une faible côte dans les discours.
Pourtant même si les éthologues et les primatologues observent autant de compétition que de collaboration parmi les bandes de singes, ce mode d'organisation et de régulation a un coût. Est-on prêt à en payer le prix?
Expliquons nous. Il n'y a pas comme avec les interrupteurs électrique une position où l'on collabore et une autre où l'on ne collabore pas. Il y a une gradation. Si l'on prend la métaphore d'écrire un livre ensemble, il y a plusieurs stades repérables :
1 - Le premier stade est celui du chacun écrivant pour soi, et donnant éventuellement un coup d'oeil sur le texte et l'autre pour le conseiller
2 - Au deuxième stade, il s'agit de regarder plus attentivement le livrable final et de l'apprécier plus finement
3 - Au troisième stade, il serait possible d'échanger plusieurs fois les versions intermédiaires, de nos textes
4 - Au quatrième stade, la collaboration pourrait porter sur une partie distincte de l'ouvrage devant s'articuler selon un plan planifié ensemble
5 - Le cinquième stade est le plus collaboratif, c'est celui où le livre est écrit de façon conjointe du début à la fin.
Selon cet exemple, on voit que la collaboration engage des comportements et des compétences bien différentes. Plus les responsabilités et les intentions sont mêlées, plus cela nécessite d'investir dans la relation à l'autre. Le stade 1 demande de l'attention, le stade 2 un temps de relecture approfondi, le stade 3 du temps d'organisation d'un processus d'apports mutuels, le stade 4 est le temps de la négociation des intérêts réciproques et le stade 5 est le partage d'intention et la réalisation d'un travail synchrone.
Plus la collaboration visée est étroite, plus :
- le sens de l'altérité doit être élevé : que ressent l'autre? Que ressent-il vraiment?
- la confiance en soi et en l'autre doit être élevée pour engager des discussions ouvertes
- l'interdépendance grandit : chacun est de plus en plus imbriqué aux intentions, actes et orientations de l'autre.
Le coût de la collaboration, c'est le prix que l'on est disposé pour apprendre à danser. Il faut oser se rapprocher, se toucher, sentir qui mène, qui est mené,avant d'aller vers une synchronisation harmonieuse.
Le prix de la collaboration

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