Le député PS de l’Ardèche, Pascal Terrasse, a été chargé par Manuel Valls de plancher sur l’économie collaborative.
Sa mission, lancée le 8 octobre, sera donc de produire «des propositions visant à limiter les comportements abusifs […] tout en libérant de nouvelles opportunités en termes d’innovation». Elles viendront nourrir la loi Macron II qui doit être présentée début 2016.
Est-ce que la classe politique française a vraiment compris ce qu’est l’économie collaborative?
Non, et c’est dramatique. On en est très éloignés. L’économie collaborative, c’est l’économie de la jeunesse. Elle est imperméable aux responsables politiques, dont une grande partie souffre d’une forme de gérontocratie durable.
C’est la raison pour laquelle je m’implique dans ce sujet-là. Tout mon travail sera de faire en sorte que les décideurs prennent conscience de cette réalité qui est claire: aucun secteur, même l’industrie ou l’énergie, n’est fermé à l’économie collaborative. Je pense même qu’il faudrait un grand débat national sur le sujet.
Justement, comment allez-vous travailler?
L’idée retenue, c’est de faire en sorte que cette mission soit la plus collaborative possible. Je ferais bien sûr des propositions, mais je vais aussi largement écouter les acteurs du collaboratif. Concrètement, on va lancer un site ouvert où chacun pourra donner son avis sur le sujet. C’est un peu le même principe que pour la consultation sur la loi numérique, à la différence qu’ici il n’y aura pas de texte à amender.
Vous adhérez à cette manière de fonctionner?
L’économie collaborative fonctionne avec une méthode horizontale de gestion des ressources. Cela me demande un travail intellectuel compliqué, car j’ai été élevé dans une méthode de pensée radicalement différente, celle de la verticalité. La politique elle-même est verticale: vous avez un chef, un sous-chef, etc.
Certains concepts collaboratifs sont donc très loin de ma philosophie, mais c’est une cure de jouvence extraordinaire. Je découvre cette économie sans idées reçues, et sans être un spécialiste.
Vous avez quand même une vision de l’économie collaborative…
Il faudra d’abord définir le concept. L’important selon moi sera de différencier ce qui relève de l’action d’échange, gratuite, et ce qui relève d’une véritable économie de pair-à-pair. Aujourd’hui la notion d’économie collaborative est interprétée de manière très libre.
Elle suppose aussi de repenser la protection des consommateurs et le droit du travail, car de plus en plus de personnes tournent le dos au salariat pour devenir indépendants. Il faudra aussi réguler les liens entre les plateformes et ces mêmes travailleurs indépendants, car il y a parfois des liens de subordination.
Pour finir, est-ce que vous utilisez des services collaboratifs?
J’utilise des services à la demande, comme les VTC ou les applications de taxis. Cet été je suis parti en vacances en louant le logement d’un particulier via une plateforme. Et puis comme tout le monde, j’utilise des sites de petites annonces pour vendre ou acheter des objets par exemple.
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